En 2021, près de 4 milliards de la population mondiale n’avait pas accès à Internet. La moitié était des Femmes, la fracture étant tout particulièrement notoire en Afrique.
Si le continent connaît pourtant une Transformation Numérique sans précédent depuis quelques années, il semble que certaines catégories de la population restent marginalisées, parmi lesquelles les Femmes, et ne bénéficient donc pas des opportunités offertes par la Transformation Digitale.
En effet, bien qu’elles représentent plus de 50% de la population africaine, les Femmes restent encore trop souvent sous-représentées dans l’économie numérique africaine. Combler ce fossé est donc une priorité. S’il en va tout d’abord de leur émancipation et de leur autonomisation sociale, leur inclusion est bel et bien essentielle afin d’assurer parallèlement une croissance économique prospère et pérenne.
Les Femmes, des piliers de l’Entrepreneuriat en Afrique
Le fort potentiel des Femmes dans l’Economie n’est aujourd’hui plus à démontrer. Selon le cabinet McKinsey, leur apport pourrait rapporter 12 trillions de dollars au PIB mondial d’ici 2025.
Plus que partout ailleurs, les Femmes en Afrique déplacent des montagnes. Leur apport au développement socio-économique est considérable. Pour ne citer que l’exemple de l’Agriculture, elles représentent près de 70% de la main d’œuvre agricole et produisent jusqu’à 80% des denrées alimentaires, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Ces pourcentages viennent ainsi souligner la place prépondérante qu’elles occupent dans le développement du continent, bien que leur contribution soit rendue peu visible. A la tête de structures agricoles, artisanales ou commerçantes, elles sont de plus en plus nombreuses à proposer des initiatives pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.
Aspirant à s’autonomiser et à s’émanciper, elles sont porteuses d’un véritable dynamisme économique, l’Afrique ayant le plus fort taux d’Entrepreneuriat féminin au monde, celui-ci s’élevant à 27% en 2019. En Ouganda plus précisément, 38% des sociétés enregistrées ont été créées par des femmes. Des initiatives telles que Women in Africa (WIA) ont ainsi vu le jour afin de souligner combien l’engagement des Femmes a et continuera d’avoir un fort impact pour l’ensemble des économies sur le continent.
Conquérantes, les Femmes africaines sont des actrices du changement. Entre envie et détermination, elles cherchent à s’imposer et sont ainsi à l’origine d’un nouveau paradigme. Cependant, il leur faut prendre la vague du Numérique afin d’être pleinement les vecteurs d’un changement qu’elles veulent imposer.
Les Femmes confrontées au défi de la fracture Numérique
La fracture numérique entre les hommes et les femmes est bien réelle, tout particulièrement dans certaines régions du monde. Ainsi, en Afrique subsaharienne, quelque 190 millions de femmes n’ont pas recours aux services de l’Internet mobile, soit un écart de 37% entre les hommes et ces dernières. Outre refléter les inégalités de genre, ce fossé risque en sus de les aggraver, la population féminine risquant d’être de plus en plus exclue à mesure que les économies se digitalisent. L’inclusion de cette frange de la population est d’autant plus importante que d’après une étude de l’Association Mondiale des Opérateurs de Téléphonie Mobile (GSMA) publiée en 2019, la réduction de l’écart entre les sexes dans l’utilisation de l’Internet mobile dans les pays à revenu faible et intermédiaire pourrait générer une croissance additionnelle du PIB de 700 milliards de dollars, sur une période de cinq années.
En ce sens, combler la fracture numérique permettrait ainsi de favoriser des opportunités commerciales d’autant plus importantes chez les Femmes. En Afrique subsaharienne, les estimations soulignent que d’ici moins de 10 ans, quelque 230 millions d’emplois nécessiteront des compétences numériques. Eldorado tech de demain, les opportunités d’affaires sont nombreuses pour repenser le développement actuel et la prospérité du continent. Le champ d’action offert par les Nouvelles Technologies semble donc très prometteur pour les Femmes, leur permettant ainsi de créer des Entreprises innovantes répondant aux besoins et problématiques identifiés.
Capitalisant sur leur rôle essentiel, Huawei a conjointement organisé avec l’Organisation Women In Tech, le « Women in Tech Salon », lors du Mobile World Congress (MWC) 2023 à Barcelone, le 27 février 2023.
Lors de cet événement, plusieurs personnalités de renom se sont exprimées sur diverses thématiques mettant au cœur la place de la Femme dans le monde numérisé qu’est le nôtre. Au-delà de la question de l’égalité, il était bel et bien question de s’interroger sur le point suivant : « Pourquoi la diversité et l’inclusion sont-elles essentielles pour un avenir durable ? ».
De l’entrepreneure à l’entrepreneure 2.0 : pour que les Femmes ne soient plus les grandes oubliées du Numérique
Nonobstant un taux d’Entrepreneuriat féminin élevé sur le continent, les Femmes sont confrontées à quelques difficultés, les empêchant de pleinement jouir des bénéfices que peut leur apporter la Transformation Numérique.
Le manque de formation, notamment dans le secteur des nouvelles technologies, est l’une des premières tares.
Outre le fait que les compétences numériques sont aujourd’hui essentielles pour accéder à – et de facto développer – des services divers et variés tels que la Santé, la Finance ou encore le Commerce, elles sont également nécessaires à la création d’emplois.
Rappelons en effet que la croissance démographique de l’Afrique est forte et que les Nouvelles Technologies seront cruciales dans l’intégration de ces jeunes populations au marché de l’emploi. Dès lors, la formation aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) est un prérequis.
Dans ce cadre, ONU Femmes et la Commission de l’Union africaine (CUA) en collaboration avec l’Union internationale des télécommunications (UIT) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) ont lancé en 2018 l’initiative « Les jeunes Africaines savent coder ».
A travers celle-ci, ces Institutions ont pour ambition d’autonomiser les filles sur le continent en les aidant à acquérir les compétences et connaissances nécessaires à leur avenir professionnel. Des entreprises ont également fait de l’Education des jeunes filles et des Femmes en Afrique l’une de leurs priorités. C’est notamment le cas de Huawei, qui propose depuis de nombreuses années des Programmes de formation visant à permettre à tout un chacun de se former au numérique. L’Entreprise a par ailleurs conclu un Partenariat avec l’Organisation caritative ivoirienne DYNEXAFRICA en 2020. 1.000 femmes vivant en zones rurales ont ainsi pu bénéficier de cette Association.
L’ensemble de ces acteurs est en effet conscient qu’investir dans la formation des Femmes dans le secteur Numérique revient à investir dans la croissance économique de l’Afrique. Disposant des compétences et connaissances nécessaires, elles pourront dès lors créer leurs propres Entreprises, dont les bénéfices seront nombreux pour l’ensemble des concitoyens.
A ce premier frein s’ajoute la faiblesse voire le manque d’Infrastructures, notamment pour les populations résidant en zones rurales et étant de factomoins reliées au réseau national. Peu nombreuses, elles empêchent ainsi les Femmes de pleinement profiter des opportunités de l’Economie Numérique et ainsi de créer leurs propres structures.
Outre ces deux premiers points, le manque d’investissement financier est l’une des difficultés à laquelle sont également confrontées les Femmes sur le continent. Peu, voire pas bancarisées, leur capacité financière leur permettant de couvrir les coûts liés à l’accès au numérique est limitée. Au Kenya par exemple, plus de 50% des Femmes ont ainsi déclaré que le coût constituait le principal obstacle à l’acquisition d’un téléphone portable, d’après le rapport 2022 de la GSMA. Dans ce contexte, des Organisations se sont mobilisées pour répondre à la difficulté d’accès aux prêts et financements pour les femmes. C’est notamment le cas de l’initiative AWAFA, acronyme pour Affirmative Finance Action for Women in Africa. Afin de combler le déficit de financement qui s’élevait à 42 milliards de dollars en 2019, AWAFA propose une approche holistique reposant sur trois piliers : les financements, l’assistance technique et l’environnement des affaires. En se mobilisant pour accroître le volume de prêts accordés aux femmes, en leur proposant des formations visant à optimiser la productivité et la croissance de leur entreprise et en engageant un dialogue avec les Gouvernements africains et autres parties prenantes, AWAFA participe à la mise en place de moyens et de politiques favorables à l’Entrepreneuriat Féminin.
Celui-ci étant à juste titre un secteur clé pour le développement socio-économique, il est essentiel de mettre en œuvre une coopération concertée afin de favoriser l’inclusion des femmes. En ce sens, les acteurs institutionnels et Entreprises privées doivent joindre leurs efforts afin de déployer des politiques et cadres réglementaires qui donnent la primauté à l’inclusion numérique dans le développement socio-économique de l’Afrique.
Comme démontré, les Nouvelles Technologies sont un pilier de la croissance socio-économique du continent. Cependant, afin que cette croissance soit pleinement effective, elle devra mobiliser l’ensemble de la population africaine et ne laisser personne de côté. L’inclusion, vecteur de changement et d’espoir, doit être un catalyseur de l’Economie Numérique et les pays doivent en prendre acte dès maintenant.
Nadège Koffi
Source: www.afriqueeconomie.net