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Décès de Salif Keita, la « Panthère noire » de Saint-Etienne

L’attaquant malien Salif Keita, décédé samedi à Bamako à l’âge de 76 ans, a été un buteur prolifique dans les années 1970 et l’un des grands artisans de la domination de Saint-Etienne, le club français dont il inspira l’emblème, la panthère noire.

Le gouvernement malien, dirigé par des militaires, “a le regret d’informer l’opinion du décès ce samedi 2 septembre 2023 de Monsieur Salif Keita, sportif de haut niveau et ancien ministre” de 1991 à 1992, a indiqué un communiqué signé par son porte-parole, le ministre de l’Administration, le colonel Abdoulaye Maiga.

“Le Mali perd un de ses dignes fils qui a fait rayonner le football malien sur la scène nationale, africaine et internationale”, dit le communiqué. Ses obsèques sont prévues le 6 septembre dans l’après-midi, ajoute le texte.

M. Keïta s’est éteint dans un hôpital privé de Bamako, a déclaré à l’AFP un responsable du football malien, Salaha Baby, sans préciser les causes de sa mort.

“La Panthère noire s’en est allée, emportant avec elle un morceau de notre club”, a par ailleurs sobrement indiqué sur X l’ASSE, où il a écrit sa légende.

Surnommé “Domingo” en référence à un nom vu sur le générique d’une affiche de cinéma alors qu’il avait dix ans, Salif Keita, joueur élancé, à l’allure féline, doté d’une technique hors pair et d’un sens aiguisé du but, fut l’un des plus grands attaquants de sa génération.

En cinq ans chez les Verts, il a remporté trois Championnats de France (1968, 1969, 1970) et deux Coupes de France (1968, 1970). Son total de buts: 143 (en 186 matches), dont 42 lors de la saison 1970-1971 qu’il ne termina pourtant qu’à la deuxième place du classement des buteurs derrière le Croate Josip Skoblar (44), qui établit cette année-là un record toujours en vigueur. Son record en un match fut un sextuplé contre Sedan (8-0) en 1971.

En 1970, il fut le premier lauréat du Ballon d’or africain, créé cette année-là par France Football pour compléter le Ballon d’or, réservé à cette époque aux joueurs européens.

“S’il était né dans un grand pays de football, il aurait été l’égal de Pelé”, disait de lui Albert Batteux, son entraîneur stéphanois. Il eut d’ailleurs l’occasion d’affronter “le roi” lors d’un match amical entre Santos et une amicale “ASSE-OM” à Colombes en 1971.

Avant d’arriver en France, Keita, né à Bamako le 12 décembre 1946 dans une famille de onze enfants, avait d’abord brillé en Afrique. A seize ans, il jouait son premier match international avec les Aigles du Mali. Il conduisit le Stade Malien en 1965 et l’AS Real Bamako en 1966 jusqu’en finale de la Coupe d’Afrique des champions, et plus tard la sélection du Mali en finale de la CAN en 1972.

D’Orly à Saint-Étienne en taxi

De quoi susciter l’intérêt des recruteurs de Saint-Etienne qui l’invitèrent à venir faire un essai en France en 1967. Mais son voyage fut rocambolesque. Les autorités maliennes s’opposant à son départ, il dut passer clandestinement par le Libéria, où il se fit détrousser avant de prendre l’avion à Monrovia. Les dirigeants stéphanois l’attendaient au Bourget où l’appareil devait initialement se poser, mais il arriva en fait à Orly et rejoignit la Loire… en taxi, pour la somme astronomique à l’époque de 1060 francs.

L’ASSE n’a pas regretté la dépense puisque Keita mit sept minutes pour marquer dès son premier match officiel, contre Monaco.

Son passage à Saint-Etienne se termina par une fâcherie avec le président Roger Rocher. S’estimant exploité financièrement, il rejoignit Marseille, le grand rival, mais l’ASSE contesta la légalité du contrat du joueur, qui écopa de six mois de suspension.

Il joua ensuite à Valence en Espagne (1973-1976) puis au Sporting Portugal (1976-1979) et termina sa carrière aux États-Unis, à Boston, en 1980. C’est en Amérique qu’il commença, dans une banque, une reconversion qu’il avait préparée pendant sa carrière de joueur en obtenant un diplôme de droit en France puis un autre dans une université de Boston.

Il rentra ensuite au Mali où il investit dans l’hôtellerie avant de fonder le premier centre de formation de football de son pays, d’où sortirent des talents comme Mahamadou Diarra (Lyon, Real Madrid) et son neveu Seydou Keita (Lens, Barcelone). Il fut aussi président de la fédération malienne de 2005 à 2009 et, à partir de 2013, ambassadeur à vie de l’AS Saint-Etienne avec lequel il s’était réconcilié.

Source: www.lequotidien.re

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