La 4ᵉ session de négociations pour élaborer un traité juridiquement contraignant sur la pollution par les matières plastiques s’ouvre ce mardi 23 avril à Ottawa. Les délégués de 174 pays se réunissent jusqu’au 29 avril, pour tenter de trouver un accord qui permettrait aux générations futures de vivre dans un monde débarrassé du plastique. Le principe d’un tel accord a été arrêtée en 2022 à Nairobi, mais pour l’instant rien de concret. Il existe une première mouture de ce futur traité, mais il reste beaucoup de travail avant de parvenir à un accord.
Sans grande surprise, les pays producteurs de pétrole et donc de plastique, comme l’Arabie saoudite, mais également des pays des BRICS comme la Chine, l’Inde et la Russie, ne veulent pas entendre parler de limitation de la production de plastique. Leur solution, c’est de développer le recyclage. À l’opposé, on retrouve des pays qui souhaitent des mesures beaucoup plus ambitieuses, comme la Norvège, le Rwanda (qui a voté en 2019 une loi interdisant les plastiques à usage unique) et la majorité des États européens qui réclament une diminution de 50 à 75 % de la production d’ici à 2040. Des positions diamétralement opposées qui vont compliquer les négociations dans un contexte géopolitique, guerre en Ukraine, situation au Moyen-Orient déjà très complexe.
Un enjeu immense, car le plastique est partout !
Des déchets de toutes tailles se retrouvent déjà au fond des océans et au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang ou le lait maternel.
Et les chiffres sont vertigineux. Aujourd’hui, à l’échelle planétaire, on produit 353 millions de tonnes de déchets plastiques par an. Si rien n’est fait, on pourrait dépasser les 1000 millions de tonnes de déchets plastiques par an en 2060.
Et que deviennent ces déchets plastiques ? 46 % sont enfouis en décharge, 17 % sont incinérés, 22 % abandonnés en milieu naturel. 15 % sont collectés en vue d’être recyclés, mais seuls 9 % le sont réellement.
C’est pour cette raison que les 65 Etats membres de la Coalition de la haute ambition, présidée par le Rwanda et la Norvège, militent pour une réduction drastique de la production, conscient des limites du recyclage.
Henri Bourgeois Costa est directeur des affaires publiques de Tara Océan : « Évidemment, l’enjeu majeur, c’est qu’on résolve cette problématique en s’attaquant par le haut, c.-à-d. par la source de pollution, vraiment qu’on prenne conscience que cette pollution ce n’est pas qu’une question de déchets, ce n’est pas qu’une question de recyclage, mais c’est bien une question systémique, qui touche à la fois les enjeux de carbone, des enjeux de toxicité environnementale, des enjeux de toxicité sanitaire, et que l’on sorte par le haut en ayant des objectifs très concrets, très chiffrés. Puis, des pistes de moyens pour atteindre ces objectifs. »
Réduire notre dépendance au plastique à un coût qui a été chiffré par des ONG : c’est 88.000 milliards de dollars à l’échelle mondiale.
Cela peut paraître beaucoup, mais c’est finalement peu de chose par rapport au coût de l’inaction : 148.000 milliards de dollars. Mais, à l’heure où nous menons une course contre la montre contre le réchauffement climatique, rappelons que la production de plastique représente aujourd’hui 3,4 % des émissions de gaz à effet de serre. Et à ce rythme, ce chiffre passera à 15 % en 2050. Ces négociations d’Ottawa sont donc une étape essentielle avant la conclusion d’un accord final prévu à la fin de l’année en Corée du Sud.
Source: www.rfi.fr