La Commission européenne a adopté ce mardi le règlement instituant des droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques importées de Chine. Cette mesure, qui pourra être supprimée par la suite sous conditions, est censée rétablir une concurrence équitable entre les constructeurs sur le marché automobile européen.
C’est bel et bien acté. La Commission européenne a décidé ce mardi d’augmenter les droits de douane sur les véhicules électriques chinois. La décision doit être publiée mercredi au Journal officiel de l’Union européenne avant d’entrer en vigueur dès ce jeudi.
Cette décision est justifiée par Bruxelles comme un moyen de rétablir des conditions de concurrence équitables avec les constructeurs chinois. La Commission a mené une longue enquête ces derniers mois à leur sujet, de laquelle il est ressorti qu’ils profitent de subventions publiques massives. Un coup de pouce qui leur permet de vendre leurs véhicules sur le marché européen à des prix bien inférieurs aux autres constructeurs. En augmentant les droits de douane, l’UE attend des répercussions sur les prix de vente. De quoi protéger sa filière automobile qui emploie 14,6 millions de personnes.
Côté français, le ministre de l’Economie, Antoine Armand, n’a pas tardé à réagir ce mardi. Le locataire de Bercy considère comme une « décision cruciale » l’annonce de la Commission européenne d’une surtaxe allant jusqu’à 35% sur les voitures à batterie chinoise.
« L’Union européenne prend une décision cruciale pour la protection et la défense de
Ainsi, en plus des 10% de taxe déjà en place, une surtaxe au montant variable sera appliquée, selon le texte du règlement mis en ligne. Dans le détail, les taxes supplémentaires s’élèveront à 7,8% pour les voitures Tesla fabriquées à Shanghai, 17% pour BYD, 18,8% pour Geely et 35,3% pour SAIC, selon un document final transmis aux pays membres le 27 septembre. Les autres groupes ayant coopéré à l’enquête européenne se verront imposer 20,7% de taxes supplémentaires. Et cela grimpera à 35,3% pour ceux n’ayant pas coopéré.
Suppression encore possible
Cette décision signifie en outre que les négociations menées depuis des mois entre Bruxelles et Pékin n’ont pas abouti. Les deux parties ont pourtant organisé pas moins de huit sessions de négociations sur ce sujet, dont la dernière a eu lieu mi-octobre. Elles ont été menées par le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, et le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao. Leur volonté affichée de trouver une solution négociée aura finalement échoué.
Du moins pour le moment. Car, malgré tout, la Commission européenne et la Chine ont convenu de continuer les consultations. À tout moment donc, les surtaxes pourraient être supprimées. Il faudra pour cela qu’un accord soit trouvé sur d’autres moyens pour compenser le préjudice identifié par l’enquête européenne. Ce qui ne s’avère pas gagné.
À noter que l’ensemble des Vingt-Sept n’étaient pas favorables à cette mesure. Cinq avaient en effet voté contre. À savoir l’Allemagne, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie et Malte. Ils avaient toutefois largement échoué à rassembler la majorité nécessaire pour rejeter ce projet. Ce petit groupe avait justifié cette position par les craintes d’une guerre commerciale entre les deux grandes puissances.
Et le lobby de l’industrie automobile allemand VDA n’a pas manqué ce mardi de faire part à nouveau de ses inquiétudes. Les surtaxes de l’Union européenne sur les voitures électriques chinoises font peser le « risque d’un conflit commercial de grande ampleur », a-t-il déploré. Et d’ajouter que ces droits de douane sont « un pas en arrière pour le libre-échange mondial et donc pour la prospérité, le maintien des emplois et la croissance de l’Europe ».
Risque accru d’une guerre commerciale
Si le gouvernement chinois n’a, pour l’heure, pas encore réagi à cette annonce, nul doute qu’elle va le faire bondir. Début octobre, quand la Commission avait fait part de sa décision de maintenir ce projet, Pékin avait déjà fulminé. Le ministère chinois du Commerce avait fustigé des « pratiques injustes, non conformes et déraisonnables ». Et avait prévenu qu’il « préserverait les intérêts des entreprises chinoises ». Des avertissements réitérés au sortir du dernier round de négociations mi-octobre. Le ministre chinois du Commerce avait une fois encore agité la menace de représailles en cas de taxes supplémentaires.
Concrètement, la Chine menace de frapper les intérêts européens. Et a déjà répliqué en lançant des enquêtes antidumping visant le porc, les produits laitiers et les eaux-de-vie à base de vin importés d’Europe, dont le cognac. Au sujet des spiritueux européens d’ailleurs, elle impose depuis début octobre un dépôt de garantie sur toutes les importations. Pas encore de surtaxe douanière à ce stade, mais la décision de l’UE de ce mardi pourrait changer la donne.
(Avec AFP)
Source: www.latribune.fr