Actus. Martin Mourre est historien, chercheur affilié à l’Institut des mondes africains. Il évoque la manière dont les gouvernements successifs au Sénégal ont commémoré le massacre de Thiaroye.
Le Sénégal a marqué le dimanche 1er décembre le 80e anniversaire des évènements du 1er décembre 1944 sur les lieux où ils se sont produits, au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar.
Devant de nombreux chefs d’Etat africains invités, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé que l’histoire du massacre de tirailleurs africains par les forces coloniales françaises en 1944 serait désormais enseignée dans les écoles.
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Parmi les autres annonces faites par le président sénégalais figurent :
- Un mémorial en l’honneur des tirailleurs sera érigé à Thiaroye pour servir de lieu de recueillement et de mémoire, ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires, ainsi qu’au public.
- Un Centre de documentation et de recherche dédié aux tirailleurs sera érigé pour conserver la mémoire. Ce centre recueillera des archives, témoignages et récits, tout en soutenant la recherche et l’éducation autour de cette histoire partagée.
- Des rues et des places porteront le nom de cet événement tragique, de ces soldats pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien et notre histoire collective.
- La journée du tirailleur est désormais fixée le 1er décembre de chaque année, jour de la commémoration du massacre de Thiaroye.
“C’est aussi un récit que construit le gouvernement sénégalais en disant qu’il est dans une souveraineté mémorielle. Si on regarde un peu avant, le gouvernement de Macky Sall n’a pas fait grand-chose pour les tirailleurs, bien au contraire. Macky Sall avait eu des mots malheureux en parlant des tirailleurs du Sénégal qui avaient droit à ‘des desserts’, c’est quelque chose qui avait énormément choqué au Sénégal, une forme de mépris pour le sacrifice de ces hommes. Par contre, le prédécesseur de Macky Sall, Abdoulaye Wade, avait lui aussi fait des gestes intéressants : il avait initié une journée du tirailleur africain dans une perspective panafricaine. Le prédécesseur d’Abdoulaye Wade, Abdou Diouf, avait notamment permis qu’il y ait ce film d’Ousmane Sembène, Camp de Thiaroye, et qu’il soit financé”, explique l’historien Martin Mourre, auteur de Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d’un massacre colonial spécialiste de Thiaroye en 2017, aux Presses Universitaires de Rennes.
Un colloque universitaire à Dakar réclame «un accès intégral aux archives»
À Dakar, l’université Cheikh-Anta-Diop (Ucad) a accueilli ces lundi 2 et mardi 3 décembre 2024, le Colloque international sur le massacre de Thiaroye : « Nous lançons un appel pour qu’il y ait un accès intégral aux archives du massacre de Thiaroye. Il y a eu depuis longtemps toute une volonté de cacher une partie de la vérité », déclare Serigne Seye, membre du comité scientifique pour la commémoration du massacre de Thiaroye.
Source: www.africaradio.com