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Emmanuel Macron se tourne vers l’Est africain

Après l’annonce de la fin de la coopération militaire au Tchad et au Sénégal, le président français s’est rendu à Djibouti et en Éthiopie pour asseoir ses partenariats militaires, stratégiques et économiques.

Deux semaines après la démission de Michel Barnier, et alors que le nouveau Premier ministre, François Bayrou, n’avait pas encore formé son gouvernement, le président Emmanuel Macron s’est rendu à Djibouti le 20 décembre, puis en Éthiopie le lendemain. Ce voyage dans la Corne de l’Afrique, après une visite aux sinistrés du cyclone Chido à Mayotte, illustre la volonté du chef de l’État de renforcer ses alliances militaires, stratégiques et économiques dans la région face à une Afrique francophone de plus en plus hostile à la France.

Un « partenariat bilatéral solide » avec Djibouti

À Djibouti, Emmanuel Macron a partagé un repas de Noël anticipé avec les 1 500 militaires déployés, soit le plus important contingent français à l’étranger. Comme à son habitude à cette période de l’année, le président a « témoigné aux soldats la reconnaissance de la nation ». Surtout, les militaires français présents à Djibouti ne sont pas menacés par un prochain retrait, quand le Tchad et le Sénégal viennent, eux, d’annoncer la fin de la coopération militaire avec l’Hexagone. Le président français et son homologue, Ismaël Omar Guelleh, ont même renouvelé, le 24 juillet, le traité de coopération en matière de défense qui unit les deux pays pour les vingt prochaines années.

« Cette présence des forces françaises à Djibouti s’inscrit dans un partenariat bilatéral solide, enraciné dans plusieurs décennies de confiance et ancré vers l’avenir », s’est réjoui Emmanuel Macron à l’issue de son entretien avec Ismaël Omar Guelleh. Avant d’insister sur la position stratégique de Djibouti, petit État d’à peine plus d’un million d’habitants qui héberge également des bases américaine, italienne, japonaise, chinoise, allemande, espagnole et saoudienne.

L’enjeu de la stabilité régionale

Selon Macron, Djibouti bénéficie de la présence française pour « [son] intégrité territoriale et [sa] stabilité » mais aussi pour « préserver la stabilité régionale et lutter contre les mouvements terroristes ». La Somalie voisine est, en effet, en proie à des attaques menées par le groupe islamiste des shebabs ou encore par l’État islamique en Somalie, dont les effectifs ont doublé de taille au cours de l’année écoulée, d’après le général Michael Langley, chef du commandement américain pour l’Afrique. En outre, le président a souligné le rôle de l’armée française pour tenter de maintenir le trafic maritime dans le détroit du Bab-el-Mandeb, malgré les attaques de houthis. En Éthiopie aussi, la France entretient un partenariat militaire puisque les soldats français forment la marine éthiopienne. Mais le chef de l’État était avant tout à Addis-Abeba pour assister à l’inauguration du palais du Jubilé.

Cinq ans et demi plus tôt, il avait annoncé la participation de la France à la rénovation de la dernière résidence de l’empereur Hailé Sélassié. L’Agence française de développement a contribué aux travaux et à la transformation de cet édifice néoclassique en musée, à hauteur de 20 millions d’euros, avec la participation de nombreux experts venus du château de Versailles, du musée des Arts décoratifs, du musée d’Histoire naturelle ou encore du musée de l’Automobile de Lyon.

Appel à l’arrêt des combats au Soudan

La rencontre entre le président français et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a également été l’occasion d’aborder l’actualité régionale. « L’Éthiopie a une population de 130 millions d’habitants. L’économie croît de manière considérable. C’est un pays qui aura besoin d’avoir accès à la mer, et cela, de manière paisible, diplomatique, en collaborant avec des pays frères comme la France », a assuré Abiy Ahmed au cours de la conférence de presse conjointe.

Au bout d’une année de guerre diplomatique, Addis-Abeba vient de signer une déclaration commune avec Mogadiscio afin d’obtenir « un accès fiable, sûr et durable » à la mer – bien que ce traité arraché par la Turquie ne tourne pas nécessairement la page à l’accord de principe passé le 1er janvier 2024 entre l’Éthiopie et la république autoproclamée du Somaliland. Dans la capitale éthiopienne, Macron a appelé à l’arrêt de la guerre qui ravage le Soudan frontalier depuis le 15 avril 2023. « Le seul processus qui peut exister au Soudan, c’est celui du cessez-le-feu, de la négociation, et de redonner toute sa place à la population civile qui a été si admirable dans la révolution qu’elle a su conduire », a déclaré le chef de l’État.

Un partenariat économique malgré les conflits internes

Pourtant, aucun signe ne laisse croire à l’arrêt prochain des affrontements entre les troupes régulières des Forces armées soudanaises et les paramilitaires des Forces de soutien rapide, qui ont jeté au moins 12,1 millions de citoyens sur les routes et fait sombrer la ville d’El Fasher et le camp de déplacés de Zamzam dans la famine. Ce fléau plane sur le reste de cet immense pays de 48 millions d’habitants, qui oscille entre les niveaux de crise et d’urgence alimentaire, d’après le Famine Early Warning Systems Network. Sur le plan bilatéral, la France va appuyer, à hauteur de 100 millions d’euros, le programme de réformes lancé par le deuxième pays le plus peuplé du continent pour libéraliser son économie. L’Éthiopie vient de faire flotter sa monnaie, le birr, fin juillet pour intégrer un programme du FMI qui va lui permettre de débloquer 251 millions de dollars.

Depuis la fin de la guerre dans la région septentrionale Tigré, en novembre 2022, les conflits internes continuent, néanmoins, à ralentir le développement du pays. La revue hebdomadaire de l’Ethiopia Peace Observatory publiée quatre jours avant l’arrivée de Macron rapporte des fermetures de routes dans la région Amhara, théâtre de la rébellion des miliciens Fano qui s’est muée en un conflit armé contre les forces fédérales depuis août 2023. La région Oromia continue, elle aussi, à être régulièrement endeuillée par les combats entre l’OLA/OLF Shane et l’armée.

Source: www.lepoint.fr

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