Quatre mois après l’échec des négociations de la COP16 en Colombie, les pays riches et les pays en développement négocient à toute vitesse à Rome ce jeudi 27 février pour tenter de s’accorder sur des mécanismes financiers visant à sauvegarder la biodiversité de la planète.
Le temps presse et des millions sont nécessaires pour que le monde atteigne son objectif de mettre fin à la déforestation, à la surexploitation des ressources naturelles et à la pollution d’ici à 2030. Tous ces fléaux menacent l’alimentation de l’humanité et la survie de millions d’espèces menacées d’extinction.
Cet objectif est le fruit de l’accord historique de Kunming-Montréal, signé fin 2022, et s’articule autour d’un programme de 23 objectifs à atteindre d’ici la fin de la décennie.
Le plus emblématique d’entre eux prévoit de convertir 30 % des zones terrestres et maritimes en aires protégées, un pourcentage plus ambitieux que les 17 % et 8 % actuels respectivement, selon les données de l’ONU.
Selon le calendrier initial, les 196 pays signataires devaient se mettre d’accord sur le financement de cette feuille de route lors de la COP16 à Cali fin 2024.
La feuille de route prévoit d’augmenter les dépenses pour la protection de la biodiversité à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030. Ce montant comprend 30 milliards de dollars d’aide des pays développés aux pays pauvres.
Créer ou ne pas créer un fonds
La principale pomme de discorde réside dans la manière dont cet argent sera collecté et distribué, ainsi que dans l’architecture institutionnelle du mécanisme.
C’est ce qui a conduit les pays participants à mettre fin à la réunion de Cali sans accord le 2 novembre et à prolonger de trois jours les négociations à Rome, ce jeudi étant le dernier jour de négociation.
Après deux jours de négociations au siège romain de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, les négociateurs ont reçu mercredi en fin de journée un nouveau texte préparé par la présidence colombienne, qui tente de dépasser les lignes rouges de chaque bloc.
Les pays en développement demandent la création d’un fonds spécifique pour la protection de la nature, sous l’autorité de la COP, comme le prévoit le texte de la Convention sur la biodiversité de 1992.
En revanche, les pays les plus industrialisés, emmenés par l’UE, le Japon et le Canada, en l’absence des Etats-Unis, non signataires de la convention mais grands contributeurs, sont hostiles à la création de celui-ci.
Ils craignent que la création éventuelle d’un nouveau fonds ne fragmente l’aide au développement, déjà fragilisée par les difficultés budgétaires et le recul agressif de l’administration Trump sur le changement climatique.
À cet égard, l’engagement de la présidence colombienne, incarné par la ministre Susana Muhamad, prévoit d’« améliorer la performance » des instruments existants, à commencer par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), et le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF), une solution provisoire adoptée en 2022 et dotée d’un modeste montant de 400 millions de dollars.
Le texte de la présidence colombienne prévoit une COP18 sur la biodiversité en 2028, pour décider s’il faut lancer un nouveau fonds ou si ces instruments existants peuvent être transformés pour répondre aux attentes des pays en développement.
« C’est un texte très équilibré », a déclaré le représentant britannique, tandis que la ministre française, Agnès Pannier-Runacher, a appelé à la résignation : « il n’y a pas de texte satisfaisant pour tout le monde ».
« Nous sommes vraiment déçus », a répondu la négociatrice en chef du Brésil, Maria Angelica Ikeda. La création d’un nouveau fonds « aurait dû être décidée lors de la COP1, et avons 15 COP de retard », soit 30 ans, a-t-elle déclaré avec insistance.
Les discussions devraient en principe s’achever dans l’après-midi ou la soirée, mais une prolongation vendredi n’est pas exclue.
En ouvrant les nouvelles négociations, la ministre colombienne Susana Muhamad, qui préside la 16e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB), a rappelé que les pays avaient entre leurs mains « la mission la plus importante de l’humanité au 21e siècle, à savoir notre capacité à maintenir la vie sur cette planète ».
Avec AFP.
Source: www.msn.com