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Au Niger, le général Abdourahamane Tiani investi président pour au moins cinq ans

Vingt mois après son coup d’État contre le président Bazoum, l’ex-chef de la garde présidentielle entérine une transition sans échéance électorale, plaçant le Niger sous contrôle militaire jusqu’en 2030.

Niamey, centre de conférences Mahatma-Gandhi, le 26 mars 2025. Vingt mois après avoir renversé Mohamed Bazoum, le général Abdourahamane Tiani s’offre une consécration officielle : il est investi président de la République du Niger. Chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie depuis le coup d’État de juillet 2023, il endosse désormais un pouvoir absolu, renforcé par sa promotion au rang de général d’armée.

La cérémonie, orchestrée à sa gloire, a été marquée par la signature de la charte de la refondation, un texte à portée constitutionnelle qui prolonge la transition pour cinq ans – sans garantie de retour à un ordre démocratique d’ici à 2030. Plus qu’un simple cadre de gouvernance, cette charte scelle l’emprise militaire sur l’État, balayant les principes démocratiques en vigueur avant le putsch et redéfinissant l’architecture politique du pays selon les termes imposés par la junte.

Un régime militaire parti pour durer

Lors de la cérémonie de son investiture, le général Abdourahamane Tiani a tranché : cette transition de cinq ans représente un « nouveau départ » pour le Niger. « Nous avons pris la responsabilité de restaurer l’ordre et de refonder les bases de notre nation », a-t-il proclamé devant une assemblée où dominaient les militaires, avec quelques civils et dignitaires étrangers. Dans un geste d’autopromotion inédit, le général Tiani s’est également élevé au rang de général d’armée et a présenté la charte de la refondation comme « la loi fondamentale » régissant désormais la République du Niger. Une loi qui ferme la porte à tout retour à l’ordre constitutionnel avant 2030.

Fort de ses nouvelles prérogatives, le général Tiani a acté la dissolution de tous les partis politiques du Niger, effaçant ainsi les derniers vestiges de la vie démocratique. Dans la foulée, la charte de la refondation a enterré toute perspective d’élections, qu’elles soient législatives ou présidentielles, plaçant l’ensemble des institutions sous le contrôle exclusif des militaires. En supprimant toute opposition structurée, le régime consacre un pouvoir sans partage verrouillé pour au moins cinq ans.

Et une junte qui resserre son emprise

Pour la junte qui a pris le pouvoir à l’été 2023, la priorité affichée reste la sécurité du pays et la lutte contre les groupes djihadistes, avec un accent sur le renforcement des capacités militaires et la restauration d’une souveraineté nationale affranchie des influences occidentales. « Toutes les mesures nécessaires seront prises pour sécuriser le territoire », a martelé le général Tiani, promettant une montée en puissance de l’armée et une diversification des alliances internationales.

L’un des points clés de cette transition concerne la présence des forces étrangères au Niger. La junte prévoit d’organiser un référendum pour consulter la population sur cette question stratégique. Mais la charte de la refondation accorde aussi au président le pouvoir d’autoriser, par décret, une intervention militaire étrangère en cas d’« urgence avérée », avec l’aval du Conseil consultatif de la refondation. Une clause qui laisse à Tiani une large marge de manœuvre pour négocier l’avenir sécuritaire du pays sans véritable contre-pouvoir.

Le régime affiche ainsi sa volonté de rompre avec les anciens partenariats militaires, notamment avec la France et les États-Unis, tout en renforçant ses liens avec la Russie et ses alliés. Une recomposition stratégique qui s’accompagne d’une mise en scène du pouvoir : lors de la cérémonie d’investiture, Tiani s’est vu décerner la grand-croix et le grand collier du président de la République.

L’annonce de la charte de la refondation et la durée de la transition marquent un tournant pour le Niger, qui se retrouve désormais sous un régime militaire avec peu de perspectives de retour à une démocratie représentative. Le pays, comme le Mali et le Burkina Faso, semble vouloir rompre avec le passé colonial et les influences occidentales, en particulier françaises, pour réorienter ses alliances vers la Russie et d’autres puissances émergentes.

Cependant, la question de la sécurité demeure cruciale. Alors que les groupes djihadistes continuent de déstabiliser le Sahel, le Niger fait face à une menace constante. Le 21 mars, une attaque dans la région de Tillabéri a fait 44 morts, un rappel brutal de l’instabilité qui frappe le pays. La zone des trois frontières, partagée avec le Mali et le Burkina Faso, reste un foyer actif pour les forces de l’État islamique au Sahel (EIS). Si la junte de Tiani affiche sa détermination à restaurer l’ordre, sa capacité à lutter efficacement contre ces menaces tout en préservant l’unité interne du pays sera un défi de taille pour ce régime qui se veut à la fois militaire et autoritaire.

Source: www.lepoint.fr

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