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Sénégal : une fête de l’indépendance aux couleurs de la rupture

Pour les 65 ans de son indépendance, le Sénégal rebaptise le boulevard de Gaulle en boulevard Mamadou-Dia, figure historique honorée par le président, Diomaye Faye.

Partout dans les rues de Plateau, le centre-ville de Dakar, et au-delà, les drapeaux sénégalais sont à l’honneur, ce vendredi 4 avril, jour de fête nationale au Sénégal. Après la traditionnelle prise d’armes et la remise de distinctions honorifiques, plus de 6 000 personnes, civiles comme militaires, ont défilé devant le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, entouré des chefs d’État de Mauritanie, Gambie, Guinée-Bissau ou encore du Nigeria. Avant d’arriver place de la Nation, les différents cortèges ont foulé le désormais boulevard Mamadou-Dia, artère centrale de la capitale rebaptisée sur la décision du président sénégalais afin de marquer les 65 années d’indépendance du pays. Un acte fort pris lors de ces festivités qui réaffirme la position souverainiste du nouveau pouvoir.

Symbole fort

Annoncée en conseil des ministres le 2 avril, la mesure devait « marquer d’une pierre blanche » cette fête de l’indépendance. Fini le boulevard Général-de-Gaulle, désormais, cet axe emblématique de Dakar, qui débouche sur la place de la Nation, se nommera boulevard Mamadou-Dia ! Elle résonne doublement puisque Mamadou Dia est l’un des pères de l’indépendance sénégalaise, également le premier Premier ministre du pays, sous la présidence de Léopold Sédar Senghor. L’organisation citoyenne Front pour une révolution anti-impérialiste, populaire et panafricaine (Frapp) a salué cette « décision hautement symbolique » et cette « avancée majeure dans la lutte pour la décolonisation des espaces publics ». Les activistes anti-impérialistes et anticolonialistes, largement partisans des idées panafricanistes, militent depuis des années afin de rompre « avec les vestiges du passé colonial du Sénégal » et dans une optique de « réappropriation historique ».

Le sujet est en effet loin d’être nouveau tant les polémiques sur les noms des rues, des artères et des monuments hérités de personnalités de l’époque coloniale reviennent régulièrement sur la place publique et continuent de diviser dans le pays. En 2020, la statue du gouverneur Faidherbe à Saint-Louis avait suscité un vif débat, certains réclamant son déboulonnement, la jugeant être « un symbole de domination et de l’aliénation du peuple sénégalais », selon le blogueur Thierno Dicko. Depuis, la place autrefois du même nom est a été renommée place Ndar, du nom wolof de Saint-Louis. Cette volonté du nouveau pouvoir de renommer en valorisant des figures nationales et africaines avait déjà été affichée par le président sénégalais début décembre lors de la commémoration du massacre de Thiaroye. Il avait alors évoqué une liste de propositions où figuraient les noms d’anciens tirailleurs ou des figures de la lutte anticoloniale.

La mesure, au-delà de son caractère symbolique, reflète sans ambiguïté le positionnement souverainiste du nouveau pouvoir. À travers l’hommage aux forces de défense et de sécurité inhérent à chaque fête nationale avec le défilé des différents corps militaires, cette année, l’attention a particulièrement été portée là encore sur l’autonomie nationale et la modernisation dans les domaines de la défense et de la sécurité. La thématique de la journée « Vers la souveraineté technologique et industrielle des forces armées » soulignait ainsi les besoins de souveraineté du pays en matière de défense et face aux défis sécuritaires actuels, cela dans un contexte de révision des coopérations militaires étrangères, et notamment avec le départ très prochain des éléments français du Sénégal.


Dans un discours à la nation prononcé la veille du 4 avril, Bassirou Diomaye Faye rappelait le projet de « rupture systémique » porté par le gouvernement en évoquant les programmes et les projets en cours dans les différents secteurs (agriculture, électrification, réformes législatives…), cela sans omettre la situation économique particulièrement difficile du pays. Pour faire face à ces nombreux défis, il a appelé les Sénégalais à la « résilience, la solidarité active et l’engagement patriotique » et soulignant que la boussole du Sénégal se trouvait dans la « cohésion nationale ».

Source: www.lepoint.fr

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