Après le thiéboudiène sénégalais, c’est au tour de l’attiéké ivoirien de faire son entrée au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. L’annonce a été faite cet après-midi lors de la 19e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui se tient au Paraguay. Une consécration qui suscite non seulement la fierté des ivoiriennes qui perpétuent ce savoir-faire au quotidien, mais aussi celle des acteurs qui l’exportent hors de la Côte d’Ivoire.
L’attiéké, semoule de manioc légèrement aigre qui accompagne les poissons et les viandes en sauce, est un pilier de l’alimentation quotidienne en Côte d’Ivoire et dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest.
À Anono, un village en plein cœur d’Abidjan, des femmes s’affairent autour de tas de tubercules de manioc, raconte notre correspondant à Abidjan, Abdoul Aziz Diallo. Éplucher, râper, fermenter pendant deux à trois jours, puis cuire : c’est un savoir-faire transmis de génération en génération qui permet de produire l’attiéké, cette semoule de manioc fermenté désormais reconnue comme patrimoine immatériel de l’Unesco. Pour Dorothée, doyenne des productrices, cette distinction est une immense fierté et un espoir pour l’avenir : « Ebrié et puis Adioukro c’est nous qui faisons du bon attiéké. Mais on entend souvent que c’est le Burkina Faso qui est premier ou la Chine qui est premier dans la production d’attiéké. Et nous qui avons créé l’attiéké, on est dernier. Nous aussi, on veut que notre attiéké évolue. »
L’attiéké provenant de la Côte d’Ivoire a un goût particulier, car il répond à une procédure spéciale. À commencer par la fermentation appelée magnan. Comme nous l’explique Anne-Marie : « Le magnan normalement dure trois jours. On passe dans une machine qui le broie et après, on passe à la deuxième étape : la pâte. On fait essorer avec des presseuses pour obtenir des grains. Et ensuite, on passe à la cuisson. »
À quelques kilomètres de là, dans le quartier d’Abobo Akeikoi, l’entreprise Cotravi expédie chaque année une quarantaine de tonnes d’attiéké déshydraté vers l’Europe et les États-Unis. Son gérant, Tapé Clément, voit dans cette reconnaissance internationale une opportunité pour structurer davantage la filière : « Il faut d’abord tracer l’attiéké et lui donner une spécification. Avec la forte demande en Europe, l’État doit nous aider à établir des contacts avec des distributeurs européens, notamment à travers des foires. »
Des contacts pour une meilleure distribution sur le marché européen
En plus de son inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco, l’attiéké bénéficie également du statut de « marque collective ». Concrètement, seule la semoule de manioc fermentée produite en Côte d’Ivoire peut être commercialisée sous le nom d’« attiéké ».
Source: www.rfi.fr