mercredi, mai 8, 2024

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L’Afrique veut rassurer les investisseurs

CRISE. Alors que la spirale de la dette menace une partie de l’Afrique, plusieurs initiatives voient le jour pour remobiliser les investisseurs, notamment privés.

Des bonnes nouvelles économiques ou plutôt des éclaircies pour l’Afrique au milieu de gros nuages sombres. Même si de nombreux pays africains restent accablés par la dette, certains gouvernements vont pouvoir un peu respirer en 2024. Des pays comme le Ghana, le Nigeria ou encore le Kenya vont prochainement recevoir l’appui des institutions économiques multilatérales comme le FMI et la Banque mondiale. Le Ghana, qui était devenu juste après la pandémie de Covid-19 le deuxième pays en défaut de paiement après la Zambie, a conclu un accord avec ses créanciers pour réorganiser 5,4 milliards de dollars de prêts, débloquant ainsi le prochain paiement d’un plan de sauvetage de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international négocié depuis deux ans.

Le Nigeria pourrait également bénéficier d’un appui financier plus que bienvenu. Le pays a annoncé par la voix de son ministre des Finances être en pourparlers pour obtenir jusqu’à 1,5 milliard de dollars d’aide budgétaire de la part de la Banque mondiale. L’heure est à l’urgence car malgré les réformes économiques initiées par le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, en poste depuis mai, la première économie d’Afrique est étranglée par une inflation record, la dévaluation du naira et un climat des affaires qui ne rassure pas les investisseurs.

Des défis à venir

Plus à l’est du continent, au Kenya, le gouvernement vient d’obtenir un plan d’aide de 685 millions de dollars auprès du FMI et a levé un prêt de 210 millions de dollars auprès de la Trade & Development Bank, une institution financière de commerce et de développement opérant en Afrique orientale et australe. Des montants qui devraient permettre à Nairobi de rembourser une euro-obligation de 2 milliards de dollars arrivant à échéance dans quelques mois. La revue The Economist Intelligence Unit souligne dans son dernier rapport du 18 janvier « l’engagement du gouvernement kenyan à sauvegarder la réputation financière du pays en évitant un défaut de paiement sur cette dette importante ». Pour les experts de l’EIU, « le respect du remboursement des euro-obligations atténuera probablement certains des défis budgétaires du Kenya. Après le paiement de 2024, les prochaines obligations majeures du Kenya en euro-obligations, d’un montant de 1,9 milliard de dollars, ne seront pas exigibles avant 2027-2028, offrant un certain répit face aux pressions immédiates de la dette extérieure ». Dans cette parenthèse de nouvelles optimistes, le rapport positionne l’Afrique, en particulier l’Afrique de l’Est, comme l’une des régions à la croissance la plus rapide au monde en 2024. Cette croissance devrait être principalement tirée par le secteur des services, notamment l’industrie du voyage et du tourisme, et les transports, la logistique, la finance ou encore les télécommunications. Le Kenya, ainsi que d’autres pays d’Afrique de l’Est comme l’Éthiopie, l’Ouganda, le Rwanda, la Tanzanie et la RDC, devraient être à l’avant-garde de cette expansion économique dans cette région.

Plus intéressant, voire plus challengeant encore dans le contexte mondial actuel, alors que les perspectives de croissance de l’Afrique subsaharienne pour l’année qui vient sont modestes, la Côte d’Ivoire, l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest, a annoncé qu’elle deviendrait le premier pays de la région à vendre une euro-obligation en près de deux ans. Faut-il pour autant y voir un regain d’appétit du marché pour les investissements régionaux ? Rien n’est moins sûr, alors que la Zambie bataille toujours pour faire aboutir son projet de restructuration de 3 milliards de dollars en euro-obligations.

Faire avec la « prudence » des investisseurs

Le défi d’attirer à nouveau les investisseurs, notamment privés, reste entier pour le continent africain. Des réponses sont venues du Forum économique mondial, qui se tenait la semaine dernière à Davos, en Suisse. Plusieurs thèmes étaient au cœur des échanges : le libre-échange, l’investissement, l’innovation ou la transition énergétique. Mais l’urgence portait sur la question de la manière dont l’Afrique peut attirer et retenir les investissements vitaux, dont elle a cruellement besoin pour dynamiser sa croissance. La question est d’une actualité brûlante après une période de chocs économiques successifs qui ont renforcé le besoin d’autonomie du continent.

Au-delà des inquiétudes liées aux différents conflits au Sahel, au Soudan ou les tensions en Éthiopie, les dirigeants africains réunis à Davos ont clairement affiché leur souhait de ne pas s’étendre sur les problèmes du continent. C’est de business, de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), le grand marché intérieur, dont ils voulaient parler, convaincus que le continent peut rebondir durablement, et ce malgré les problèmes sociaux, politiques et environnementaux. Pour le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, « un des principaux défis pour atteindre les objectifs de développement en Afrique reste la capacité de mobiliser les ressources financières, étant donné que la plupart des économies africaines ont déjà des capacités fiscales limitées, le secteur privé jouera un rôle important », a-t-il insisté à Davos, au moment du lancement de l’initiative « timbuktoo », mis en place par le Programme de développement des Nations unies (Pnud) et dont Google est partenaire. L’objectif est d’investir 1 milliard d’euros de capitaux publics et privés en dix ans dans de jeunes pousses innovantes à travers huit pôles panafricains, parmi lesquels Dakar, Nairobi, ou Lagos. « Les jeunes pousses africaines manquent de capital pour être compétitives sur la scène mondiale », a déploré le président rwandais, Paul Kagame, qui a annoncé une contribution immédiate de 3 millions de dollars dans ce fonds qui sera hébergé à Kigali. En effet, d’après l’ONU, la plupart des capitaux injectés dans les start-up africaines proviennent de l’étranger, tandis que 83 % vont à des entreprises de quatre pays seulement : l’Égypte, le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud. L’idée avec timbuktoo est de mettre sur pied un modèle de financement du développement basé sur le partage des risques, parce que le véritable nœud du problème réside dans la mauvaise perception du risque africain. Pour les investisseurs, leur « prudence » se justifie par les problèmes de gouvernance et de corruption qui pénalisent de nombreux pays africains, la dépendance des économies aux matières premières, le manque de statistiques fiables, ou encore le ­retour sur investissements.

Source: www.lepoint.fr

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