Des chercheurs français, anglais et américains ont découvert une molécule capable de paralyser le parasite. Des essais doivent encore être menés et des améliorations, apportées.
a bonne nouvelle a été annoncée la semaine dernière par des chercheurs du CNRS : la découverte d’une nouvelle molécule qui pourrait littéralement stopper le parasite responsable du paludisme. Alors qu’il cause plus de 600 000 morts par an, essentiellement en Afrique, le Plasmodium – nom scientifique du parasite –, transmis par le moustique Anophèle, pourrait bien profiter du changement climatique pour s’installer en Europe.
Or ses grandes capacités de mutation en font un parasite très versatile, capable de s’adapter et de résister aux traitements antipaludiques, même les plus efficaces comme l’artémisinine. La stratégie de lutte proposée par les chercheurs français avec leurs collègues américains et anglais consiste à empêcher le Plasmodium de progresser dans l’organisme et d’envahir les globules rouges. La nouvelle molécule qu’ils ont identifiée, baptisée KNX-002, permet effectivement de neutraliser une protéine, la myosine A, qui lui sert de véritable nanomoteur.
Sans son aide, le parasite est comme paralysé. Il ne peut plus avancer. Les chercheurs espèrent que cette approche pourra aussi bloquer ses possibilités d’adaptation. « Il est fort probable que ce moteur soit si finement régulé que tout changement lié à une mutation génétique du parasite l’invaliderait de facto », explique Anne Houdusse, directrice de recherche à l’Institut Curie de Paris et coautrice des récents travaux. En d’autres termes, si le Plasmodium veut résister à la nouvelle arme des chercheurs, il doit muter, modifier son nanomoteur pour la rendre inopérante. Mais, s’il y a mutation, le moteur pourrait ne plus fonctionner. Le parasite serait donc coincé.
Pour le moment, ces recherches sont encore très fondamentales. KNX-002 doit être améliorée, optimisée, pour la rendre plus efficace. « Ce travail est déjà en cours au sein de la start-up américaine Kainomyx », annonce Anne Houdusse. Il faudra ensuite mener des tests chez l’animal et chez l’homme avant d’envisager la commercialisation d’un médicament. Le chemin est certes encore long, mais, après des décennies de lutte, l’espoir est permis.
Source: www.lepoint.fr